Indissociables de la naissance du cinéma, les pellicules à support nitrate disparaissaient bien avant les acteurs qu’elles avaient fait connaître au public. Sous l’effet du temps, leurs émulsions se couvraient de taches d’humidité, la moisissure rongeait le film ; leurs perforations devenaient aussi cassantes que du verre.
Sans doute inspiré par son père, qui organisait pour Pathé des projections foraines dans les villages du Gard, Boyer fut un des tout premiers à s’intéresser à la restauration des films. De 1954 à 1958, il dirigea à Paris un laboratoire de recherches de la société Debrie, alors principal producteur de matériel cinématographique. Langlois, cofondateur de la Cinémathèque française, lui confia un film des frères Lumière, dont l’état interdisait toute projection. La qualité inégalée de la copie réalisée par Boyer stupéfia Langlois. [Photo Hervé Collignon]
Fort de la confiance de Langlois, Boyer revint s’installer en 1959 dans son village natal, Redessan. Dans la propriété familiale, il fonda un laboratoire dédié à la restauration de films anciens. Il y inventa plusieurs procédés permettant de donner une nouvelle jeunesse à des films de Méliès, Lumière, Keaton, Chaplin ou Linder, considérés comme perdus jusqu’à ce que Boyer les sauve. La Cinémathèque française, Pathé ou la Gaumont, mais aussi des studios américains (Warner, Fox, MGM) : bientôt les cinémathèques du monde entier confièrent leurs bobines les plus précieuses au Laboratoire Boyer, sis impasse George-Méliès à Redessan. Entouré de sa femme, de son fils et de quelques collaborateurs, il travailla et inventa jusqu’à ce qu’un cancer le terrasse en 1974. Le laboratoire de Redessan ferma en 1983, vite oublié de tous après avoir sauvé plusieurs centaines de films venus du monde entier.
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